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Opinions idiotes
26 mars 2008

TRAVAILLER PLUS NUIT

41 annuités afin d'obtenir une retraite à taux plein, que voilà une bonne nouvelle. On ne travaille pas assez, en France. D'où une terrible crise économique, misère, et croissance atone à cause des 35 heures, du code du travail et des retraites qui obèrent la nation. D'ailleurs l'Etat est en faillite ! C'est vrai que rien ne va plus, la croissance est riquiqui, même pas 2%, la France ne s'est enrichie que de 30 tout petits milliards d'euros au cours de l'année 2007. La ruine approche.

Il faut donc travailler plus et plus longtemps. C'est pourquoi le Medef a créé, après accord avec les syndicats, le contrat sénior, un contrat de travail adapté aux travailleurs en fin de carrière. Car la France souffre d'un trop faible taux d'activité de ses séniors, ce qui nuit nécessairement à l'économie qui, rappelons-le, est en crise, une crise incroyable comme en attestent les malheureux profits réalisés par les entreprises du CAC 40 et les salaires de misère des patrons. Il est primordial de remettre au travail les plus de 55 ans. Et de toute façon les entreprises n'attendent que de pouvoir bénéficier de l'expérience de ces travailleurs, contrairement aux idées préconçues selon lesquelles les patrons font tout pour se débarrasser de leurs employés quand ils atteignent la cinquantaine. Le contrat sénior, né de l'expertise des entrepreneurs en matière de marché du travail, remettra donc en selle ces hommes et femmes rendus suicidaires par leur mise en retraite anticipée. Les patrons ne sont-ils pas les mieux indiqués quand il s'agit d'identifier les besoins des entreprises en matière de contrats de travail ? L'évidence aveuglera même l'outrecuidant qui pointera du doigt un contrat voulu à toutes forces par les patrons...qu'aucun patron français n'utilise.

Il fait travailler plus longtemps. Mais comment faire si les entreprises refusent d'embaucher des travailleurs de plus de 50 ans ? Eh quoi, les compétences des séniors, leur expérience, toutes ces choses qu'ils doivent transmettre aux nouvelles générations de travailleurs compteraient-elles pour du beurre ? C'est quand même rigolo : les patrons exigent que l'âge du départ en retraite soit repoussé, ils créent de leur propre initiative sans que le gouvernement intervienne un contrat de travail spécifique adapté aux séniors, ils ont tant besoin de compétences, etc. ; malgré tout ça on continue à déblayer les quinquagénaires et à ne pas les embaucher. Se foutrait-on des compétences et de l'expérience, des savoirs-faire et des savoirs-être et de tous les savoirs de ces travailleurs trop âgés pour travailler et trop jeunes pour accéder à la retraite ? Des fois je me dirais bien que tout ce que veulent les patrons c'est de la chair à canon supplémentaire pour leurs petites guéguerres économiques, des travailleurs dont on ne veut plus des qualifications mais qu'on veut bien embaucher à moindre coût en contrat précaire.

Délire paranoïaque : si, contraint par les nécessités démographiques et les réalités économiques, on augmente indéfiniment le nombre d'annuités ouvrant droit à une retraite à taux plein et que dans le même temps les travailleurs âgés sont foutus dehors par leurs entreprises because leur expérience et leurs compétences coûtent trop cher relativement à leur productivité, alors ces travailleurs n'auront d'autre choix que de prendre des petits boulots, à se lancer dans la chasse aux jobs. Ainsi la France sera sauve et la boucle sera bouclée : le jeune bon à rien commencera sa carrière en étant mal payé pour les contrats précaires qu'il enchaînera entre deux périodes de chômage, le vieux propre à rien terminera de la même façon. Et quel symbole de modernité et de solidarité intergénérationnelle : le papa et la maman avec leurs garçons et filles égaux dans la galère engagés dans une saine compétition pour récupérer les miettes de la richissime économie capitaliste, de l'économie française en banqueroute totale veux-je dire ! C'est la crise, faut bien qu'on s'en sorte, faudrait quand même pas qu'à cause de nos petites vapeurs de privilégiés repus les générations futures payent les pots cassés par notre indignité et notre déni des réalités économiques, des contraintes extérieures et des nécessités démographiques ! Des sacrifices, voilà ce que nous devons faire.

Soyez béni, mon Dieu, qui donnez la souffrance / Comme un divin remède à nos impuretés dit Charles Baudelaire dans ses Fleurs du Mal. C'est quand même pas n'importe qui, Baudelaire. La souffrance est la noblesse unique, il dit aussi. Méditons en pensant à ceux qui nous suivront, nous bénissant pour nos sacrifices. Ou bien, autrement, attendons-nous à être maudits jusqu'à la fin des siècles par les petits Français du futur devant lesquels nous serons comptables d'avoir ruiné par égoïsme et par hédonisme et par je-m-en-foutisme et par Dieu sait quoi encore une nation riche, opulente et heureuse.

Pour augmenter les bas salaires il faut d'abord supprimer le salaire minimum légal, disent ceux, Cahuc et Kramarz (attention ! un des deux n'est pas de droite: de quel parti de gauche pourrait-il bien être proche, celui qui n'est pas de droite ? ça me turlupine depuis des années...) qui, il y a quelques années, avaient pondu un rapport expliquant qu'il fallait faciliter les licenciements pour faire baisser le chômage. Plus généralement, je pense qu'il faut résister au populisme et dire franchement les choses : les Français sont trop riches, surtout les salariés, surtout les ouvriers et les employés, lesquels sapent la compétitivité de l'entreprise France dans la guerre économique mondiale. Il n'y a pas d'alternatives, il faut baisser les salaires des ouvriers et des employés pour que les enfants de France ne soient pas condamnés demain à la famine.

Repousser l'âge du départ en retraite ne constitue pas qu'un expédient afin de réduire les pensions et faire crever les gens avant qu'ils ne cessent de travailler (méthode russe la plus efficace pour enrayer l'élévation insensée des coûts sociaux causée pas le vieillissement de la population), c'est aussi un moyen de plus pour réduire les salaires.   

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