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Opinions idiotes
27 février 2008

Adresse à la jeunesse, afin qu'elle n'oublie pas

Je vous parle d'un temps

Que les moins de vingt ans

Ne peuvent pas connaître

Etc.

On ne saurait mieux dire que Charles Aznavour dans La Bohème. Ainsi je me souviens de ce temps pas si lointain de mon enfance, des années 70/80. Et je tremble et frissonne, comme stupide au ressouvenir de nos existences horribles dans la France de cette époque.

Alors nous n'avions pas dans nos poches cette monnaie forte, qui nous rend à tous la vie si douce. A vrai dire nous n'avions rien en poche, hormis quelques très rares privilégiés disposant de quelques francs, qui sous son matelas qui à la banque, pour les gens de la grande ville essentiellement car le mot banque nous était inconnu, à nous autres gens de l'Orne, du Pas-de-Calais ou de l'Ariège. Le franc c'était le sous-développement, les salaires infinitésimaux...Avec l'euro, quelle prospérité! tout a changé. Désormais notre économie n'est plus sujette aux aléas de la conjoncture américaine, nous sommes autonomes au plan monétaire. Avant on disait "quand l'Amérique s'enrhume la France chope la pneumonie". Maintenant ce temps est révolu comme chacun le constate: la crise américaine n'a aucun impact sur les économies européennes et l'euro n'est plus ce jouet pour enfants qu'on appelait le franc, lequel fluctuait en fonction des décisions du président de la réserve fédérale américaine, grimpant quand les Américains voulaient que leur monnaie perdent de la valeur et descendant quand ils souhaitaient leur dollar fort. Alors la Banque de France était soumise au gouvernement et au parlement. L'intrusion des dirigeants élus démocratiquement par la foule hystérique minait sans cesse la santé de l'économie, au détriment des pauvres (qui représentaient bien 90% de la population française). C'était l'horreur, des décisions incohérentes, dues à un mépris absolu de l'intérêt général. Heureusement la Banque Centrale européenne est arrivée pour nous sauver. C'en est fini désormais de la collusion et de la corruption généralisée, la monnaie n'appartient plus à une caste l'utilisant à fin de servir ses seuls intérêts égoïstes. Rationalité, indépendance, impartialité...sont les mots d'ordre de la BCE, des mots qui guident l'action salvifique des grands esprits et nobles âmes régentant la monnaie de l'Europe et de la France.

Et puis, dans le temps, les prix étaient contrôlés, les gens mouraient de faim. A tel point que dans les écoles le gouvernement faisait distribuer des petites briques de lait, pour les enfants (et ils étaient nombreux) qui n'avaient rien à manger à la maison. Pour beaucoup c'était le seul repas de la journée mais cela ne suffisait pas toujours. Tant et si bien qu'il ne nous était pas rare de voir un de nos camarades s'affaissait dans la cour de l'école ou sur son pupitre: évanoui diront les jeunes gens naïfs de nos jours; non, tout simplement morts d'inanition, morts de faim! Tout ça parce qu'à l'époque le commerce n'était pas libre à cause de ce salaud de gouvernement qui voulait tous nous contrôler. Contrairement aux nouvelles générations repues, protégées par les traités européens signés, dans un de leurs trop rares moments de lucidité, par les gouvernants de France (et de Navarre), protégées par les commissaires à la concurrence qui veillent à ce que tout le monde mange à sa faim, contrairement à ces générations heureuses nous souffrîmes et mourûmes en nombre à cause de l'impéritie gouvernementale, de cet odieux contrôle des prix qui n'empêchait même pas l'inflation. C'était affreux.

D'autant plus qu'en ce temps-là de misère noire les dirigeants n'avaient même pas le courage, je ne dis pas de s'opposer, mais simplement de dénoncer les populistes qui exigeaient sans cesse des hausses de salaire afin de compenser l'inflation et même de la surcompenser. Tout ça par amour du fric, du fric, du fric. La conséquence de tout cela n'étonnera personne: explosion du chômage, appauvrissement d'une population déjà exsangue. Aujourd'hui, on a la Banque centrale européenne, avec un gentil président qui dit tout haut ce qu'il doit en être: ne surtout pas augmenter les salaires, sinon ça va ruiner l'économie. En plus il n'est pas tout seul, il est accompagné par des tas d'experts qui causent à la télé, à la radio, qui écrivent dans les journaux et diffusent ainsi la bonne parole: les augmentations c'est juste et bon quand ça concerne les patrons et les actionnaires; c'est l'apocalypse économique quand ça touche les travailleurs. Vive la liberté d'expression, qui n'existait pas "avant", au temps de la pensée unique et du terrorisme intellectuel propagés par les étatistes de tous poils, ordures irresponsables ou tout bonnement stupides sur la conscience desquels pèsent les petits cadavres efflanqués des millions de petits français morts de faim et de fatigue par leur faute.

Morts de faim mais aussi d'épuisement car non contentes de contrôler les prix les ordures voulaient aussi contrôler l'emploi. C'est ainsi qu'à l'époque très peu, trop peu de gens connaissaient le bonheur du travail intérimaire, des contrats de 12 mois renouvelés une fois qui s'arrêtent juste avant qu'ils ne soient requalifiés en contrat à durée indéterminée. Même que dans les entreprises les gens, manipulés par les populistes, faisaient grève pour que les collègues en CDD soient embauchés définitivement. En plus de ça, quand un patron voulait licencier il était contraint de demander l'autorisation à la direction départementale du travail, à cause du contrôle administratif des licenciements. On licenciait quand même, bien sûr, mais c'était désagréable et contreproductif comme chacun le constate aisément en nos jours bénis de flexibilité "gagnant-gagnant". N'empêche que ça entravait l'emploi, le seul résultat c'était 75% de chômeurs (on ne le rappelle pas suffisamment), ce qui contraignait les gens à faire travailler leurs enfants au noir pendant le week-end, la nuit, les vacances scolaires, les plus miséreux en venaient à prostituer leurs enfants voire à les vendre comme esclaves en échange d'un quignon de pain, rassis la plupart du temps.

Et les coupures de courant à cause de ces bons à rien d'EDF, fonctionnaires incapables et toujours malades? Rétrospectivement, on trouve ça drôle. Mais les petits enfants qui se faisaient opérés à vif, because les cons d'EDF n'étaient pas foutus de produire de l'électricité, ces petits enfants-là s'en souviennent, du moins ceux qui n'ont pas agonisé dans d'atroces souffrances, logés dans un clapier à lapin, à cause d'une infection. En effet à l'époque les barbiers opéraient dans les salons de coiffure directement. Faut dire qu'on n'avait pas de forfait hospitalier, ni de franchises ou d'euro non remboursé pour sauver la Sécu. Comme rien n'était fait pour sauver la Sécu, la plupart des gens ne pouvaient pas se soigner et recouraient au rebouteux ou au barbier. C'était l'enfer.

Je ne parlerai pas des frontières fermées qui nous emprisonnaient, surtout les malheureux qui ne pouvaient pas, alors, s'installer en Belgique pour fuir une imposition confiscatoire. Les entraves à la liberté de circulation des capitaux étaient abominables. La finance en était comme paralysée. Et l'économie, à la suite de la finance, tétanisée. Ce qui accentuait encore la misère des populations française et européennes. Ajoutez à cela des méchantes barrières protectionnistes et vous aboutissez à une situation cataclysmique de famine endémique. Je me rappelle qu'à l'école, à cause du protectionnisme et de la famine qui s'ensuivait logiquement, notre jeu favori consistait à nous compter les côtes, qu'on avait très saillantes. Celui qui les avait les moins saillantes on le ligotait dans les toilettes avant la cantine, puis on se partageait sa demie-tranche de pain (la ration quotidienne, si le boulanger avait livré, s'il avait reçu la farine et tout le toutim, à cause des méchantes frontières qui empêchaient le bon fonctionnement du commerce) et son demi-verre de soupe. Des fois, c'est terrible! des fois on poussait le jeu jusqu'à le manger, le "grassouillet", tellement qu'on avait faim.

Heureusement que maintenant on a toutes les libertés, qu'on a l'Europe sans frontières, l'euro, la liberté du commerce, la flexibilité du travail, le libre-échange...Grâce à quoi on vit tous tellement mieux, dans des sociétés plus justes et plus égales, plus humaines en un mot. Tout cela, les moins de vingt ans doivent l'apprendre, afin de ne pas répéter les erreurs du passé, d'un passé épouvantable, qui me glace le sang rien qu'à l'évoquer, moi le chanceux qui ait survécu à cet enfer: l'Etat-providence.

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