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Opinions idiotes
5 mars 2008

Esprit républicain frappeur

Pourquoi donc les Niçois devraient-ils voter en faveur de monsieur Estrosi, ci-devant secrétaire d'Etat à l'Outre-mer et président du conseil général des Alpes-Maritimes? On peut en effet douter qu'il ait grand temps à consacrer à la ville de Nice. Ou alors qu'une fois élu maire il bâclerait l'oeuvre grandiose qu'il bâtit jour après jour en son secrétariat d'Etat, laquelle a déjà permis de créer un tandem Flosse-Temaru en Polynésie, alliance de la carpe chiraquienne dans la ligne de mire de la justice depuis des temps immémoriaux et du lapin indépendantiste copain du Parti socialiste et très apprécié du côté de Canberra (où on aime beaucoup les petits Etats sans le sou du Pacifique, sans doute en raison d'une générosité compulsive). Dans les deux cas les Niçois ont tout intérêt à envoyer une bonne gifle électorale au grand homme, champion motocycliste à ce qu'il paraît: soit en tant que citoyens niçois soit en tant que citoyens français, ou encore en tant que citoyens niçois et français.

Mais un Estrosi ne se laisse pas démonter par de si piètres arguments et sait répondre aux mauvaises langues qui insinueraient qu'il se fout de la cité nissarde autant que de la nation française. Un ministre, c'est toujours bon à savoir, a pleins de copains, des relations économiques, politiques, dans la haute administration, partout où un quelconque pouvoir s'exerce. Un ministre ça cause avec les autres ministres, avec le président de la République, c'est au courant de tout. Un ministre ça peut rapporter gros à la ville qui l'élit maire, comme monsieur Christian Estrosi le disait crânement sous l'oeil des caméras de TF1 il y a quelques semaines de cela. "Si vous votez pour moi, bonnes gens, je pourrai, en tant que ministre, amener à Nice des investissements qui autrement seraient destinés à d'autres villes de France". Qu'en termes républicains ces choses-là sont dites. Quand je pense à tous les ringards qui veulent qu'un ministre se préoccupe de l'intérêt général, je me félicite que la France soit gouvernée par une droite et une gauche modernes.


Autre endroit autres moeurs. Périgueux est une ville moins cossue que la capitale des Alpes-Maritimes, pleine de fonctionnaires et d'employés. C'est tout de même une commune avec un maire et des candidats à la mairie parmi lesquels on compte Xavier Darcos. Un homme sérieux, ministre de l'Education nationale, un autre calibre que le zigoto en charge de l'Outre-mer. Un homme républicain celui-là, il dirige l'Education nationale le gars. Il a quand même été nommé par Sarkozy, qui trouve déficiente l'instruction civique des élèves et veut la renforcer. Le ministre chargé d'une telle tache ne saurait être comparé à l'Estrosi. Toutefois sa qualité de grand républicain ne l'empêche pas de souhaiter ajouter à sa fonction de ministre de l'Education nationale, qui semble lui laisser beaucoup de temps libre, celle, récréative sans doute, de maire du chef-lieu de la Dordogne.

Le malheur est toujours grand pour l'homme d'exception, constamment moqué et critiqué par les médiocres bêlants. C'est terrible, tous ces gens qui s'étonnent qu'on puisse être ministre et maire à la fois, qui craignent qu'on délaisse une fonction au profit de l'autre, ou qu'on bâcle et son travail de maire et son travail de ministre. Les gens sont cons. Ils ne comprennent pas que ces deux fonctions sont complémentaires, et qu'être maire sans occuper de mandat national ne sert à rien. Mais les gens sont super cons, surtout les Périgourdins, qui restent interdits quand un ministre de la République, en charge de l'éducation des enfants de France, sous-entend en termes à peine voilés que les relations personnelles, le copinage en somme, président davantage à la prise de décision gouvernementale que le souci du bien public. "Et pourquoi qu'un ministre ça pourrait pas rapporter gros ?" s'étonne le ministre.

Les gens sont vraiment méga cons. "Et alors, quand j'étais ceci cela, un ponte dans une boîte privée à Paris, je faisais profiter ma bonne ville et mes chers administrés de mon entregent dans le milieu économique: pourquoi qu'ça s'rait différent maintenant que je suis un ponte de la RF compagnie?" Parce qu'un cadre dirigeant d'une entreprise privée est au service d'intérêts privés et non d'intérêts nationaux, parce qu'il est investi par un patron et des investisseurs et non par le président de la République et l'Assemblée nationale, parce qu'il gère de l'argent privé librement investi par des individus ou des entreprises afin qu'il leur rapporte des dividendes et non de l'argent public collecté par le fisc afin d'assurer le bien-être de la nation tout entière et procurer à cette dernière des services publics assurant aux citoyens un égal accès à l'instruction, aux soins hospitaliers, etc..

Le gouvernement procède au nom de la nation, pas au nom des copains. Affirmation péremptoire auquel un Darcos répondra que tout ça est bien ringard...


En 2004, Alain Lambert conseille le président de la République Jacques Chirac après avoir été ministre du budget. Ancien maire d'Alençon, mandat qu'il avait abandonné pour se consacrer à son ministère, il décide de se présenter en tant que tête de liste pour les élections régionales bas-normandes dans le département de l'Orne. Au même moment il se porte candidat au poste de conseiller général de la ville d'Alençon. C'est son droit, dira-t-on, à l'inconvénient près que ces deux mandats ne sont pas compatibles et que le soir du second tour, élu facilement au conseil régional et au conseil général, il annonce à ses braves électeurs son intention de démissionner immédiatement de l'un des deux mandats qu'ils viennent gentiment de lui confier. Je salue cette attitude hautement républicaine, symbole d'une intégrité sans faille, qui consiste à postuler à des mandats électoraux dont on sait, avant même d'être élu, qu'on ne les remplira pas...

Le sieur soupire fort après le Sénat, il opte donc pour le conseil général dont il deviendra président en 2007, un an avant le renouvellement des sénateurs de l'Orne et démissionne du Conseil régional avant même d'y avoir mis les pieds. Les sénateurs sont désignés par les communes, et les communes rurales sont surreprésentées par le mode de scrutin, or le Conseil général pourvoie, par la subvention, aux finances de ces myriades de petites communes sans ressource. Quand on sait que 60% des Ornais vivent dans ces petites communes, on comprend l'intérêt stratégique qu'il y a à occuper la présidence du Conseil général pour qui aspire à devenir sénateur. Voilà le conseiller élyséen président du Conseil général de l'Orne.

Rien que de très anodin certes. Jusqu'à la campagne municipale où l'homme se ballade un peu partout dans le département, pour rendre visite à ses copains. Par exemple il se rend dans la ville d'Argentan, qui a le mauvais goût d'élire depuis 1989 des municipalités socialistes soutenues par le PCF local. Dans un département qui compte 35 cantons à droite sur 40, cela constitue une anomalie, une tache rouge sang sur la carte. Une honte à laquelle il faut remédier. Pour ce faire quelques insinuations au journal du coin peuvent toujours servir. C'est ainsi qu'Alain Lambert déclare au Journal de l'Orne, qui diffuse dans le pays d'Argentan, son soutien public au candidat de l'UMP, M. Jaglin, élu conseiller général de la ville en 2004. Qu'un ponte de l'UMP soutienne, à titre privé, un candidat UMP se comprend et n'a rien de répréhensible mais quand le ponte en question déclare le faire en tant que président du Conseil général cela pose quelques petits problèmes d'interprétation. Faut-il en déduire que, dans le cas où la populace argentanaise voterait pour la quatrième fois en faveur du candidat Pavis, tête de la liste socialo-communiste (!), le Conseil général pourrait se montrer moins généreux avec la ville "rebelle"? Faut-il comprendre que, si la ville élisait m. Jaglin comme premier magistrat, le Conseil général arroserait la commune de subvention?


Toutes ces récriminations, j'en suis certain, ne sont que des points de détail de l'histoire de la République...

 

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