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Opinions idiotes
12 mars 2008

RUSSIAN WAY OF LIFE

Où comment sauver nos régimes de retraite avant la faillite générale de la France et de l'Europe

Les Russes, en plus d'être des barbares, sont fragiles du foie. Ils boivent plein de vodka, et même de la vodka frelatée. Le résultat est effarant: 58 ans d'espérances de vie pour les mâles. Ils tombent comme des mouches, les Russes mâles. Mais est-ce vraiment de la barbarie? Ne serait-ce pas une habile mesure sociale d'ordre prophylactique?

Les retraites coûtent cher. Et coûteront de plus en plus cher à l'avenir. Tant et si bien que la collectivité finira par être obérée par les transferts de richesses à ces oisifs. Si l'on y prend garde, l'économie tombera en ruine. C'est là que la prévoyance des Russes intervient, c'est là qu'ils sauvent, ces barbares, l'Occident de l'effondrement et de l'anéantissement.

Pour sauver les retraites, la solution consiste à faire en sorte qu'un nombre très important de personnes susceptibles de devenir pensionnées meurt avant l'âge de la retraite. D'un coup l'avenir s'éclaire, l'horizon lumineux ouvre à des lendemains de joie et de labeur. Etant donné la nature délicate de l'individu européen, il n'est pas question de lui faire ingurgiter des quantités excessives d'alcool, à plus forte raison frelatée. Il ne faudrait pas attenter au potentiel productif de chacun, ce serait très mal, ça l'empêcherait de s'épanouir dans le travail. Nous autres hommes de l'Europe sommes civilisés, point barbares comme les Russes.

Subtilement nous résoudrons le problème en nous inspirant du russian way of life si bénéfique aux caisses de retraite mais en l'adaptant aux conditions européennes. Point de vodka ni de tabac qui coûte des sous aux caisses d'assurance maladie et prive les entreprises de leurs forces vives encore jeunes bien souvent. Si seulement le cancer du tabac bien souvent causé par la manipulation de produits toxiques dans le cadre du travail en milieu capitaliste -heula! un populiste terroriste extrémiste communiste chaviste castriste fasciste, et même plus encore, s'est glissé contre ma volonté entre le clavier et la page, ah! c'est pas bien- s'il voulait bien ce gentil cancer se déclarer à 55 ans, la solution serait toute trouvée. Une bonne raffarinade et le tour serait joué: "le fumeur étant responsable de sa maladie il n'appartient pas à la collectivité de la prendre en charge, etc.". On responsabilise l'individu et le malade peut crever sans coûter un sou, après qu'il a dépassé sa date de péremption productive et avant qu'il ne suce le sang de la nation en se gondolant sur son hamac de retraité. Mais le cancer du tabac frappe à tout âge, il faut bien lutter contre, à tout le moins contre ceux qui sont vraiment dus au tabac parce que pour les autres aucun recours n'est malheureusement possible sauf à prendre le risque d'un cataclysme de l'économie française et européenne dont les premières victimes seraient justement ces ouvriers que l'on voulait protéger: c'est pour leur bien que les entreprises capitaliste, certaines entreprises capitalistes, tuent les ouvriers à petit feu, le bien des ouvriers, bien entendu, n'en déplaise au populiste.

Le cancer du tabac ne peut nous tenir lieu de vodka frelatée. Le ciel a beau être vide, l'Europe n'en est pas moins bénie du ciel. Si nous n'avons pas de vodka frelatée, nous bénéficions de l'expertise de pleins de gens qui savent, qui trouvent des solutions aux problèmes épineux. Pour sauver les retraites en empêchant les travailleurs d'en jouir il suffit de repousser l'âge du départ en retraite. Peut-on rêver solution plus simple et plus adéquate? Sachant qu'un ouvrier, par exemple, décanille entre 70 et 75 ans en moyenne, en repoussant à 60 ans au lieu de 55, puis à 65 ans au lieu de 60, enfin à 70 ans au lieu de 65 ainsi que le préconisaient les socialistes Schröder et Blair, et même à peu près tous les leaders socialistes d'Europe, on extermine du même coup les ouvriers retraités, ce d'autant plus qu'en les contraignant à travailler davantage on précipitera leur défunction salvifique pour la société. Certes, un esprit populiste pourrait voir là-dedans du cynisme, comme quoi on maquillerait une politique d'euthanasie sociale en arguant du sauvetage des systèmes de retraite.

Resterait à payer les retraites des cadres mais c'est une autre affaire. D'abord les cadres ne se laissent pas berner par des méchants populistes. Un cadre ça fait jamais grève, sauf quand ça se licencie, et encore pas toujours. Un cadre c'est bien pratique pour exploiter les ouvriers, pour optimiser la production veux-je dire. Un cadre c'est un peu comme une clôture électrique vivante, une bétaillère vivante, un abattoir vivant, avec, dans le rôle de la bête à viande destinée à nourrir un monde auquel elle n'accèdera jamais, l'ouvrier. Le cadre doit être récompensé, c'est pourquoi on peut le laisser partir à 70 ans, bien qu'il tende à crever autour de 80 ans. Il faut savoir récompenser ces sbires: après 50 ans de bons et loyaux services une dizaine d'années de repos sont amplement mérités.

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