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Opinions idiotes
18 mars 2008

LE JEU DE LA MARCHANDE

Hollande et Darcos sont dans un bateau...

Moquons-nous en choeur des électeurs, bras dessus, bras dessous, vainqueurs et vaincus.

Un socialiste, François Hollande, un qui aimerait être battu par Sarkozy à la prochaine présidentielle à l'instar de Ségolène Royal, Laurent Fabius, Dominique Strauss-Kahn, Bertrand Delanoë ainsi que d'innombrables socialistes défenseurs de la concurrence libre et non faussée, un socialiste a donc été élu conseiller général de Corrèze en même temps que conseiller municipal de Tulle. François Hollande n'est pas un âne, il sait faire les meilleurs choix, les plus utiles à son ambition élyséenne. Parce qu'évidemment, de la ville de Tulle comme du département de la Corrèze, l'homme se moque.

On se fait donc élire deux fois, pour limiter les risques de défaites, en se réservant le droit de s'asseoir sur la délibération des citoyens tullistes et corréziens. Si jamais la gauche emporte le Conseil général, on en devient le président. Sinon reste toujours le repli sur la mairie de Tulle, qu'on est à peu près certain de gagner. Cela est-il bien digne ? C'est digne d'un politicien qui vit aux crochets de la société depuis tellement longtemps qu'on se demande s'il a vraiment une existence, s'il n'est pas qu'un élément du décor, mais est-ce digne, digne tout court ? A quoi cela rime-t-il de se porter candidat à un mandat électif lorsqu’on n’a nullement l'intention de l'exercer ?

Le plus ahurissant dans l'affaire n'est-il pas encore que l'impétrant avait exposé au préalable aux électeurs ses intentions, et que ces bonnes gens aient entériné ce que je considère, parce que je suis trop sensible, comme une marque de mépris à l'endroit des électeurs ? Tout ça n'est guère civique, côté électeurs, autant que côté candidat ; ça m'a tout l'air, au contraire, d'un comportement de larbin, de sujet. Comment un citoyen peut-il accorder son suffrage à un type qui déclare ouvertement que le mandat qu'il sollicite sera pour lui purement alimentaire, un type qui n'envisage le mandat en question qu'en guise de roue de secours pour le cas où sa candidature à une autre fonction, plus intéressante relativement à son plan de carrière, ne recueillerait pas la majorité des votes des électeurs-sujets convoqués aux urnes?

Un coup à droite, un coup à gauche!

Le cas Darcos ne manque pas d'intérêt. Voilà un homme qui durant toute la campagne municipale de Périgueux a mis en avant son statut de ministre, qui a clairement explicité aux électeurs la manière dont l'Etat arrose les copains et les administrés des copains ; voilà un homme qui s'est présenté au suffrage de ses concitoyens non pas en tant que simple citoyen mais en tant que ministre, en appuyant grassement sur sa fonction dans le gouvernement national, tout en dénonçant le côté provincial du candidat socialiste ; voilà enfin un candidat trimballant ostentatoirement son portefeuille ministériel sur les marchés, dans la presse et les médias, un monsieur-le-ministre qui se ramasse en fin de compte une tôle dans une ville majoritairement de droite depuis 37 ans.

Que faire d'autre dans une situation pareille que démissionner ? Dans ce cas particulier le désaveu électoral ressemble franchement à un camouflet pour le ministre. Quand on a autant et aussi lourdement insisté sur son statut gouvernemental la défaite s’adresse clairement au ministre, à plus forte raison dans une ville traditionnellement à droite aux municipales. Mais Xavier Darcos est un bon ministre, qui plaît à Sarkozy, un bon ministre républicain qui se torche avec les bulletins glissés par les électeurs-sujets dans les latrines démocratiques. Le ministre était candidat, le vaincu n’est plus qu’un citoyen comme un autre, d’ailleurs ce sont les vilaines gens qui disent que le ministre était candidat, le candidat quant à lui n’a jamais mis en avant le fait qu’il était ministre...

Après tout, pourquoi se gênerait-il, le Darcos ? Qui se soucie de vieilleries pareilles ? Quels ringards peuvent encore se préoccuper de morale républicaine ? La République est un marché, c’est tout, les politiciens des marchands et les citoyens des clients. Faisons mumuse à la marchande, on verra bien comment le jeu finira…


Du 29 mai 2005 au 16 février 2008

Il y a quelque temps le parlement réuni en Congrès ratifiait le traité constitutionnel repoussé par les citoyens lors du référendum du 29 mai 2005, de sinistre mémoire. L'événement n'a pas suscité grande opposition. De toute façon il fallait être d'une folle naïveté pour croire que le mauvais vote populaire serait respecté: la démocratie c'est le gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple tant que le peuple enregistre docilement le dit capitaliste tel qu'il est exposé par les gens qui savent. Comme il fallait bien argumenter une ratification que des âmes absurdement républicaines considéraient comme un passage en force signalant un déni de démocratie, les gens qui savent ont sorti de leur chapeau une entourloupe un peu facile : le 29 mai 2005 les électeurs ne se sont pas exprimés pour ou contre un traité européen mais pour ou contre le président de la République Jacques Chirac.

Un peu facile, comme argument, mais expédient. Si la vile populace souhaitait avant tout exprimer son mécontentement de la politique gouvernementale le vote négatif de 55% des citoyens à la question posée (pour ou contre la ratification du TCE) peut légitimement être proclamé caduc. Si les citoyens ont souhaité sanctionné Chirac et Raffarin en votant non, sans se préoccuper des enjeux politiques propres au traité constitutionnel, on peut considérer alors que le référendum n'a jamais eu lieu et faire voter le texte, auquel quelques retouches cosmétiques auront été apporté, par les députés et les sénateurs sans pour autant commettre un déni de démocratie. C'est un peu cynique mais l'absence totale de réaction populaire au passage en force du TCE semble donner raison aux gens qui savent.

De manière un peu ironique, la gauche, et notamment la gauche de gauche, confirme sans le vouloir le raisonnement des gens qui savent. En affirmant haut et fort que l'échec des municipales est une gifle électorale adressée par le corps civique au président de la République, ils confirment du même coup la polarisation de la vie politique française autour de la seule figure du président de la République. De sorte que, désormais, tout scrutin, qu'il soit référendaire ou électoral, devrait est interprété comme un plébiscite en faveur ou en défaveur du président en exercice, sans considération pour l'objet du scrutin. L'analyse produite par la gauche, la gauche de gauche comprise, valide l'entourloupe des gens qui savent pour faire passer la pilule amère du TCE remanié.

Finalement les gens qui savent et les vils populistes sont d'accord pour constater l'immaturité du corps électoral. Et tout le monde est content...

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