Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Opinions idiotes
16 février 2008

Panurge, Mitrhidate et Tartuffe, dernière partie

Un peu de poison chaque jour

Les émoluments des grands patrons choquent, de même les élucubrations de madame Parisot. De moins en moins, au fil du temps on s'habitue; à force l'habitude abolira l'indignation et l'on en viendra même à se faire du souci pour ces braves gens quand on apprendra qu'à la suite de telle ou telle crise ils auront perdu 5% de leurs énormes revenus. Un jour sans doute assez proche non seulement la cupidité insatiable de la caste grand-patronale ne dérangera plus personne, mais on sera même horrifié à l'idée que ces surhommes puisse gagner moins de mille fois le salaire minimum.

Il en est ainsi en toutes choses. En distillant à petites doses leurs saloperies les capitalistes rencontrent l'opprobre et la calomnie. Cela importe peu car si à fortes doses leurs exactions criminelles risqueraient de susciter la révolte, à faibles doses elles provoquent juste de l'indignation. Une réaction politique du peuple serait périlleuse mais la somme des réactions morales d'une multitude d'individus restera toujours sans effet. La morale est inopérante en matière économique: ses belles phrases glissent sur les réalités économiques comme la pluie sur une matière hydrophobe. De plus la morale est sans force ni constance; elle s'épuise devant le spectacle d' une injustice toujours recommencée et finit par disparaître. Tout le génie des capitalistes réside dans cet art d'immuniser progressivement les hommes contre l'indignation que suscite en la plupart d'entre eux le spectacle de pratiques injustes et brutales, induites très consciemment par une rapacité sans limite et le plaisir sordide de la domination.

Qui s'étonne que Mittal s'apprête à licencier 600 ouvriers alors que le groupe a engrangé 6 milliards d'euros en 2006 et 8 milliards en 2007 ? Qui s'étonne de voir Michelin ou Unilever agir de même ? Il suffit de comparer la réaction de l'opinion à ces licenciements sans aucun fondement à celle provoquée par les dégraissages de danone il y a moins de 10 ans pour admirer le travail de sape moral et politique à quoi aboutit la mithridatisation générale.


Le valse des hypocrites

L'indignation morale ne sert à rien pour lutter contre la barbarie capitaliste, seule une réponse politique sera utile. Dans ces conditions les belles paroles de politicards de gauche se contentant de dénoncer sans rien proposer de sérieux ne doivent susciter que de l'indifférence. En fait, le refus obstiné d'envisager des réponses aux proatiques abusives du patronat signe la trahison. Le parti socialiste, en agissant de la sorte, ou plutôt en refusant d'envisager toute action efficace, se montre dépouillé de ses oripeaux prétendument socialistes et découvre ce qu'il est: un ramassis d'hypocrites courant la prébende, un parti de droite qui ne se distingue du sarkozysme que par son relatif libéralisme en matière de moeurs.

Car, sans aller jusqu'à fusiller les patrons voyous chers au président Sarkozy, il est tout à fait possible d'octroyer aux organisations syndicales un droit de veto sur les plans sociaux, au moins dans les entreprises bénéficiaires, obligeant ainsi les entreprises en question à négocier véritablement, et non à imposer un diktat, les modalités des licenciements: armés de ce droit de veto les syndicats se trouveraient placés dans une position d'égalité vis-à-vis du patron, étant entendu que l'entreprise serait contrainte de verser les salaires tant qu'un accord n'aurait pas été signé et ce sans limitation dans le temps. Ce droit de veto pourrait être accordé aux syndicats concernant la politique salariale de l'entreprise.

Je ne vois rien dans cette proposition qui soit attentatoire au sacro-saint prinicpe de la propriété privée des moyens de production, chère à la République et à l'Europe. Par contre le droit de veto constituerait un puissant moyen d'égalisation du rapport de forces entre les actionnaires et les travailleurs, et ça, assurément, c'est attentatoire aux principes républicains et européens auxquels les "socialistes" sont tellement attachés.

Publicité
Publicité
Commentaires
Opinions idiotes
Publicité
Archives
Publicité